Au village, sans prétention, J'ai mauvaise réputation. Qu'je m'démène ou qu'je reste coi Je pass' pour un je-ne-sais-quoi! Je ne fait pourtant de tort à personne En suivant mon chemin de petit bonhomme. Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout le monde médit de moi, Sauf les muets, ça va de soi.
Le jour du Quatorze Juillet Je reste dans mon lit douillet. La musique qui marche au pas, Cela ne me regarde pas. Je ne fais pourtant de tort à personne, En n'écoutant pas le clairon qui sonne. Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout le monde me montre du doigt Sauf les manchots, ça va de soi.
Quand j'croise un voleur malchanceux, Poursuivi par un cul-terreux; J'lance la patte et pourquoi le taire, Le cul-terreux s'retrouv' par terre Je ne fait pourtant de tort à personne, En laissant courir les voleurs de pommes. Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout le monde se rue sur moi, Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.
Pas besoin d'être Jérémie, Pour d'viner l'sort qui m'est promis, S'ils trouv'nt une corde à leur goût, Ils me la passeront au cou, Je ne fait pourtant de tort à personne, En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome, Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Non les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux, Tout l'mond' viendra me voir pendu, Sauf les aveugles, bien entendu.
Votre fille a vingt ans, que le temps passe vite Madame, hier encore elle était si petite Et ses premiers tourments sont vos premières rides Madame, et vos premiers soucis
Chacun de ses vingt ans pour vous a compté double Vous connaissiez déjà tout ce qu'elle découvre Vous avez oublié les choses qui la troublent Madame, et vous troublaient aussi
On la trouvait jolie et voici qu'elle est belle Pour un individu presque aussi jeune qu'elle Un garçon qui ressemble à celui pour lequel Madame, vous aviez embelli
Ils se font un jardin d'un coin de mauvaise herbe Nouant la fleur de l'âge en un bouquet superbe Il y a bien longtemps qu'on vous a mise en gerbes Madame, le printemps vous oublie
Chaque nuit qui vous semble à chaque nuit semblable Pendant que vous rêvez vos rêves raisonnables De plaisir et d'amour ils se rendent coupables Madame, au creux du même lit
Mais coupables jamais n'ont eu tant d'innocence Aussi peu de regrets et tant d'insouciance Qu'ils ne demandent même pas votre indulgence Madame, pour leurs tendres délits
Jusqu'au jour où peut-être à la première larme A la première peine d'amour et de femme Il ne tiendra qu'à vous de sourire Madame Madame, pour qu'elle vous sourie...